"L'exposition commune de Mária Törley, sculptrice de Hongrie et de
Frédéric Faber, photographe de Luxembourg s'inscrit dans la série des
événements liés à cette année. Tous les deux artistes ont déjà donné leur
contribution aux relations culturelles de la Hongrie et du Luxembourg.
En 2004 Mária Törley a organisé une exposition de ses sculptures dans
le château de Bourlingster, en l'honneur de l'adhésion de la Hongrie à
l'Union Européenne. L'ange figurant sur l'affiche de cette exposition
se trouve depuis lors dans mon bureau.
C'est en 2005 qu'elle a fait la première exposition de concert avec Frédéric
Faber, à Budapest. Le visiteur luxembourgeois pourra découvrir et savourer
l'harmonie émanant des oeuvres malgré la différence de genre de la photographie
et de la sculpture et malgré la présence de sujets - au premier abord - éloignés.
Les paysages et les pauvres de l'Inde d'une part, et les sculptures représentant
des thèmes classiques, mais issues d'un milieu indéniablement hongrois d'autre part
se renforcent et nous parlent de concert sur la dignité et la beauté de la vie humaine,
en impliquant le spectateur dans la joie qui en émane."
Président de la République Hongroise
Le titre est expliqué par une série d'événements rapportés par Maria. C'est à l'occasion de son exposition organisée au Luxembourg qu'elle avait fait la connaissance de Fred et de ses photos prises en Inde. C'était le coup de foudre!
Au-delà de la beauté admirable des photos, elle a découvert une parenté spirituelle étroite dans leur art. C'est une intuition qui n'exige point d'explication, nous en retrouvons les étincelles en parcourant l'exposition.
Fred Faber n'a donc rien d'un touriste équipé d'un appareil automatique et multipliant des photos souvenirs sur un monde exotique
C'est un homme et un photographe voyant et ressentant l'essentiel grâce à ses intuitions!
L'on voit ici l'exposition de deux artistes, en trois genres. Le troisième étant l'assemblage occasionnel des photos et des sculptures: l'exposition, comme oeuvre d'art.
L'objectif de cette exposition était, au-delà d l'harmonisation esthétique de ces deux groupes d'oeuvres, de mettre en lumière les liens et correspondances spirituels découverts par Mária Törley grâce aux photographies. Mária et son mari, László Ruszina, ont consacré un travail minutieux et attentif à la mise en oeuvre de cette idée.
L'association des photos et des sculptures, leur arrangement les unes à côté des autres est souvent très direct, sans équivoque. Il était évident de mettre la Madone avec l'enfant Jésus à côté de cette belle mère indienne, ou les éléphants sur des escargots - quelle idée ludique! - devant la photographie comique intitulée "Parking interdit!". Des liens directs et des fils associatifs lient la photographie d'une fille tenant son frère assoupi dans une étrange position tendue avec le relief "Pietà".
Les figures féminines du projet de fontaine "Aux artichauts" montrent expressément l'influence d'exemples indiens, tout comme plusieurs autres figures de femme - dont certaines ne sont d'ailleurs pas présentes à l'exposition - sensuellement allongées ou s'étirant langoureusement: les Filles-chats. Leur représentante décente est "Sophie aux perles".
Il est comme naturel que ces figures embaumées de sensualité, dont au centre de l'exposition l'importante Fontaine de Lucullus, trouvent leur place devant les photos présentant le temple de Khajurâho avec les centaines de figures d'hommes et de femmes enlacées, représentant mysticisme et érotisme sacré.
Moi personnellement, je préfère l'ensemble de Saint Jean Baptiste et des deux photographies l'encadrant, qui inspirent de la tranquillité et du calme. La présence de la statue représentant Saint Jean Baptiste emprunte en effet un caractère rituel et sacré à l'homme se baignant dans une cascade (celui-ci se purifiant, selon mon interprétation, en corps et en âme comme dans le baptême) et fait une scène biblique du fleuve.
Je m'arrête ici dans l'énumération, mais je vous propose d'aller à la recherche de nouvelles correspondances: ces découvertes développent notre empathie indispensable à la réception de l'art.
Antal Tóth
historien d'art de la Galerie Nationale Hongroise